Friday, October 26, 2012

"La méthode tantrique consiste à désengorger l'énergie en unissant l'espace (spaciousness) et la passion." (David Chapmam)

- Il s'agit de donner un plus vaste pré à son animal affolé...
  
L'intensité émotionnelle, libérée du confinement de son scénario, semble alors irradier sa qualité sauvage mais sincère. Peur, colère et peine peuvent alors être reconnus comme dimensions bienfaisantes de l'authenticité humaine.


Si l'idée d'engendrer un sentiment d'espace, d'ampleur ou d'ouverture semble encore trop abstraite on peut aborder ces émotions problématisées en les dévisageant: il s'agit de laisser tomber le discours obsédé et de pénétrer directement dans la qualité, dans l'intensité de la réaction. On peut aussi se rendre compte qu'on respire alors son sentiment. qu'on en savoure la réalité.

Ces approches sont la méditation. Ce sont des non-faire en ce qu'elles affament le faire habituel en s'en désengageant, puis font retour à la pleine conscience. Ce sont le lâcher-prise et le laisser-vivre.

Tout le pari dzogchen/mahāmudrā tient dans cette confiance que l'intelligence naturelle saura libérer les réactions conflictuelles, les dénouer. Ici la souffrance, l'obscurité, l'asphyxie font le rappel à la Conscience, puis l'ouverture et la présence font - ou sont- l'ancrage à l'authenticité foncière.

Dzogchen et mahāmudrā sont dits être le sommet du bouddhisme tantrique. Ils n'étaient pas très largement enseignés, probablement parce l'esprit humain essaie encore de transformer un non-agir en un agir, une non-stratégie en stratégie; la différence peut se révéler très subtile, comme entre lâcher-prise et laisser-tomber, s'abandonner et abandonner, ou encore accepter et se résigner. 
Et aussi, l'on semble avoir toujours besoin de techniques et de modes d'emploi, alors qu'ici on cherche à laisser l'intelligence naturelle livrer le 'combat' et non pas lutter avec les tactiques de l'intelligence verbale, le Je.